Retour à la pratique

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Igor Corea, un conseiller amical

Igor Correa, un conseiller amical : Igor Correa au au salut
Igor Correa, un conseiller amical : Igor Correa au au salut

Photo : Igor Correa au salut

Jigoro Kano et le développement du Judo

En 1882, Jigoro KANŌ fonde le Jūdō Kōdōkan. C’est le fruit d’une recherche consacrée à l’étude du jūjutsu (« techniques de souplesse, art doux »), qu’il choisit de réorganiser autour de principes éducatifs tout en prenant soin d’en préserver les traditions classiques. 

 « Kanō était fermement convaincu que, comparé aux sports proposés dans les autres pays à la même époque, le jūjutsu offrait un mode d’entrainement mental et physique supérieur, et il comprit qu’en lui adjoignant une philosophie adaptée à la société moderne issue de la Restauration Meiji (1868-1912), il deviendrait un excellent support éducatif.

Il déclara dès lors que les objectifs de la pratique du Jūdō étaient de se perfectionner physiquement, mentalement et moralement et que les qualités acquises devaient être mises au service de la société.

 

Deux principes furent dégagés par Jigoro KANŌ à partir de son étude du jūjutsu et dans la construction du Jūdō Kōdōkan :

                                 精力善用 - Seiryoku zenyō - Meilleure utilisation de l’énergie

                                自他共栄 - Jita kyōei - prospérité mutuelle

 

Kanō pensait qu’il n’y avait pas de cause plus noble que l’éducation, en y incluant l’éducation physique et l’entrainement mental.

Le Jūdō constitue selon lui un modèle éducatif. En 1911, le Jūdō fut introduit dans le cursus des écoles publiques japonaises et commença à se répandre dans tout le pays.

 Désirant également populariser dans le reste du monde, Kanō mit toute son énergie à faire connaître le Jūdō sur tous les continents » . (Murata, 2007, p.9).

 « Le Jūdō a évolué à partir d’un élément de la culture japonaise pour devenir une composante de la culture mondiale et, a pris racine dans la communauté internationale » (Murata, 2007, p. 136).

 Il exprime ses sentiments pour l’éducation à travers cet aphorisme :

« L’éducation

 Il n’y a rien de plus remarquable en ce monde.  

 L’éducation morale d’un homme doit profiter à dix milles autres.

 L’éducation d’une génération embrasse des centaines de générations.

 

L’éducation

 Il n’y a rien de plus agréable en ce monde.

 Cultiver le talent et améliorer le monde,

 Un parfum qui s’attarde pour toujours, au-delà de la mort »

 

A partir de 1911, le Jūdō fut introduit dans le cursus des écoles publiques japonaises et commença à se répandre dans tout le pays.

Que ce soit au Japon, ou durant ces nombreux voyages en occident, Jigoro KANŌ ne cessera, à partir de 1888, de promouvoir la pratique du Jūdō dans le monde.

Jean-Marc D., août 2013

Bibliographie :

- Correa I., Le Hanneur L., Di Stéfano R., Bruel L. (2002), « Junomichi. L’origine du Jūdō suivi de junomichi no kotoba », éditions Budo, 207 p.

- Murata N. (2007), « L’essence du Jūdō », textes réunis par Naoki Maruta (2005) sous le titre Mind over muscle, writings from the founder of Jūdō, Kodansha International, Japon ; pour la traduction française, Budo Editions, Les éditions de l’Eveil, 141 p.

L'approche pédagogique d'Igor Corréa

Le travail proposé par I. Corréa relève d’un caractère pédagogique, non pas seulement, dans l’idée première de la pédagogie comme l'art d'éduquer, c’est-à-dire des méthodes et pratiques d'enseignement et d'éducation ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre un savoir quelconque. Il propose une étude de la voie souple. 

 La pratique du junomichi et son enseignement s’est traduit chez I. Corréa par un engagement total. Il a souhaité cet engagement comme une démarche personnelle et collective. Il n’a pas cherché à développer une méthode pour transmettre le junomichi, mais plutôt à comprendre et transmettre le sens de la pratique, dans un mouvement permanent de recherche. Si J. KANŌ considérait le Jūdō, la voie de la souplesse, comme un mode d’entrainement mental et physique supérieur, en retenant le terme de junomichi, la voie souple, I. Corréa a souhaité identifier un certain nombre de principes pour structurer l’étude de cette voie. Ces principes guident les recherches individuelle et collective

 Ces principes revêtent un caractère universel. Ils peuvent s’exprimer dans d’autres disciplines, dans d’autres cultures au cours du temps de manière similaire. On peut trouver dans l’histoire, par exemple, une similitude dans la recherche de la non-opposition et celle de luttes non violentes, signifiant une volonté d’agir, de s’élever sans qu’une pression ou un effort soit exercé sous forme de contraintes sur autrui.

L’identification et la définition de ces principes est le fruit d’un travail et d’une maturation dans la compréhension et la pratique de la voie. Elle s’est traduite également par une évolution dans la transmission de ces connaissances. Il s’agissait de faire comprendre que :

 Transmettre est l’affaire de tous : la transmission s’effectuant à tout moment entre les pratiquants, chacun à partir de ces expériences, de sa compréhension, de sa pratique, partage ses connaissances avec les autres (pratiquants ou non). 

Transmettre nécessite de s’engager, de pratiquer. 

 Transmettre la mobilité (…l’envie, la vie !!) : La mobilité n’est pas se déplacer, en allant d’un endroit à un autre. On peut trouver la mobilité dans l’immobilité. Cela veut dire être suspendu et toujours en vibration. On est alors dans la mobilité. Transmettre la mobilité, c’est mobiliser le partenaire sans que des objectifs soient préalablement fixés. L’idée clé est qu’il ne faut pas agir en vue d’un effet, « il faut renoncer à ses buts propres et laisser conduire par ce que l’on peut » (Corréa et al., 2002). Se fixer un objectif, c’est se fixer et donc perdre sa mobilité.

 I. Corréa a retenu un emblème qui permet aux pratiquants de junomichi de poursuivre leur désir sincère de réalisation d’efficacité tout en le conciliant avec le sens même de la vie.

 « Lorsqu’en 1981, Igor Correa a créé le junomichi,il a cherché un emblème capable de fédérer aussi bien par sa signification que par sa force graphique : le Kokorozashi - Le but de la vie dans l’intelligence du cœur et de la volonté … Son intuition s’est trouvée confirmée par la lecture d’un texte de Jigoro Kanô intitulé « L’être humain doit absolument avoir un kokorozashi » » (Corréa et al., 2002, p. 148). 

 Mais la transmission du junomichi est chose complexe. On se souvient des explications, parfois énigmatiques, de Mr Corréa : « Il faut attaquer en reculant en allant de l’avant… Se hisser vers le bas… Tout se de suite et maintenant…». Les enseignements qu’il nous dispensait prenait en compte cette complexité, c’est-à-dire cette volonté de présenter les techniques sous différents angles, à travers la présentation aussi explicite que possible des éléments visibles et invisibles, pour que chacun, à sa manière puisse s’approprier les techniques.

 Son enseignement n’était pas de montrer ce qu’il faut faire, mais plutôt de permettre à chacun, de s’approprier des éléments de réflexion pour que tous ensemble nous construisions la démarche d’étude de la voie souple. En définitive, I Corréa a proposé d’explorer une voie souple, notamment, en :

  • Poursuivant une démarche de mobilisation des fondements du Jūdō

  • Développant non pas une méthode (pour éviter de figer les choses), mais un certain nombre de repères : les principes, la présence sur le tatami : Travailler l’équilibre instable…, se déplacer et non marcher…, le travail entre ceintures de niveaux différents…, pas de catégories de poids comme au Japon à l'heure actuelle…, l’acceptation de la prise de kumikata comme préalable à un travail à deux…, la volonté de progresser en permanence, en venant pratiquer avec l’idée de ressortir du tatami avec un niveau de connaissances supérieur à celui que l’on avait en entrant sur le tatami…

     

  • Etant présent par sa disponibilité, mais aussi à travers l’exactitude de ces réponses à nos questions et l’acuité de ses remarques touchant parfois au plus profond de soi.

 De ce fait, son enseignement ne se limite pas à la connaissance technique, mais il s’est donné comme objectif de « conduire, mener, accompagner, élever » tant du point de vue physique qu'intellectuelle et moral (Houssaye, 2007a, b).

 Conduire : I. Corréa comme un aventurier dans la recherche et dans la transmission de ces connaissances mais aussi du mouvement de recherche permanente dans lequel il s’est inscrit. Il associe les pratiquants à cette dynamique d’exploration de l’ura (l'envers) et l’omote (l'endroit).

 Mener : Le processus de recherche permanent a mené I. Corréa à développer et à renouveler la manière de transmettre. Il a cependant structuré sa démarche en donnant un sens aux exercices du Jūdō, en développant des principes, en soulignant l’importance de la présence sur le tatami (pour la pratique mais aussi dans la manière d’être).

Accompagner : Si faire preuve de pédagogie signifie enseigner un savoir ou une expérience par des méthodes adaptées à un individu ou un groupe d'individus, I. Corréa se définissait non pas comme un professeur, mais comme un conseiller amical.

Elever : dans l’idée de progresser ensemble, de s’élever pour aller de l’avant ensemble. Le développement du junomichi ne s’arrête pas à I. Corréa. S’il en est le pionnier, la phase actuelle est celle d’une continuation sur les bases qu’il nous a fournies tant au niveau de la pratique que le cadre institutionnel qui a été construit pour permettre une étude de la voie douce.

En définitive, I. Corréa s’est placé sur dans une perspective non pas de connaître des techniques pour pouvoir les mobiliser dans les exercices du junomichi, mais dans l’idée d’une école de la vie.

La pratique du junomichi est vivante, en progression permanente ce qui nécessite à tout moment de s’interroger sur le sens de cette étude de la voie souple, de transmettre l’envie de poursuivre ce cheminement tout en permettant à chacun et collectivement de s’épanouir et de découvrir de nouveaux horizons dans cette démarche tout au long de la vie.

 J. KANŌ a proposé deux principes pour cette étude. Quatre thèmes nous semblent révélateurs de la volonté d’I. Corréa de les travailler :

 Autonomie, Engagement et Sincérité, Spontanéité et Convivialité.

 Jean-Marc D.


 Bibliographie :

- Correa I., Le Hanneur L., Di Stéfano R., Bruel L. (2002), « Junomichi. L’origine du Jūdō suivi de junomichi no kotoba », éditions Budo, 207 p.

- Thibault C. (1999), « Entretiens avec les pionniers du Jūdō », Editions Budo, Paris, 400 p.

A la recherche d'une autonomie à travers la pratique du junomichi

Autonome : mot clé dans notre pratique – FIAJ, Fédération International Autonome de Junomichi.

L’autonomie, en général, est définie comme étant la faculté d'agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite, sa propre loi. L'autonomie, sachant qu'elle est à l'origine de sa propre création, est capable de s'interroger en permanence sur la validité de ses institutions, de ses lois, de ses normes, et par suite, de les transformer.

 Cette autonomie peut se construire à partir de l'éducation. 

Quand I. Corréa nous a invités à poursuivre l’étude de la voie douce, il ne s’agissait pas de reproduire un modèle de pratique tel que proposé au Japon par J. KANŌ, comme un idéal vers lequel il faut tendre. Sa recherche permanente nous à conduit à considérer la pratique du junomichi comme un processus permanent de création de sens, qui n’est possible que dans une situation où chacun, à sa manière, effectue un travail de recherche individuel et le partage collectivement.

Ce qui fait que la poursuite du junomichi n’est pas automatique. Elle nécessite un engagement des pratiquants pour offrir un cadre pour la pratique qui facilite l’accession individuelle et collective à cette autonomie. Ces questionnements se posent donc au niveau de la FIAJ et des écoles de junomichi.

L’autonomie est aussi au cœur de la pratique du junomichi. Elle est propre à chacun, mais permet ensemble d’être capable de poursuivre l’étude de la voie souple et de bâtir un cadre pour sa pratique. Cela signifie que si la FIAJ est autonome, c’est aussi parce que les pratiquants le sont.

Cette autonomie s’exprime à travers l’organisation de son propre apprentissage mais également l’institutionnalisation de la pratique. Dans le deux cas, cette autonomie nécessite un cadre délibératif, c’est-à-dire d’échanges structurés de perspectives, qui permet un questionnement concernant le sens donné à la pratique du junomichi.

L’engagement des pratiquants dans cette autonomie s’exprime par la progression dans les niveaux de valeur. Les niveaux de valeur représentent une valeur technique dans la pratique mais aussi morale et d’implication dans la vie et le développement du junomichi.

En définitive, l’autonomie n’est pas une fin en soi. Elle accompagne dans la pratique. Elle permet de renforcer le principe de « prospérité mutuelle », où, à travers l’échange, le partage, chacun d’entre nous se forme et s’élève dans l’étude de la voie souple. 

 Jean-Marc D.

La Convivialité

Au delà du caractère amical des relations entre les pratiquants, la question de la convivialité est bien plus fondamentale et ancrée dans le junomichi.

I. Corréa l’a inscrite au cœur de la pratique, comme étant la volonté de construire et structurer les liens entre pratiquants de junomichi mais aussi avec les non pratiquants.

En d’autres termes, la pratique du junomichi ne peut pas et ne doit pas être perçue comme étant la seule recherche de l’efficacité d’une technique pour gagner des combats en compétition. Elle est une étude de la voie souple qui invite, à travers la pratique, des échanges, un partage réciproque, un engagement et une solidarité entre pratiquants.

 Cette étude n’étant pas confinée au seul tatami, elle invité également les non pratiquants à cette convivialité. 

La convivialité est ainsi conçue comme un processus d’échange et de partage réciproque entre les pratiquants et non pratiquants pour établir un environnement propice à la pratique du junomichi et permettre de bien vivre ensemble cette aventure permanente de l’étude de la voie douce.

Avant tout, c’est la prise du kumi kata qui établit, en premier lieu, ce lien. « Le Kumi Kata est le moyen par lequel deux partenaires établissent leur relation. Il est la condition de travail que propose le junomichi, à l’intérieur de laquelle se développe la vigilance, la disponibilité, la spontanéité, la souplesse, ainsi que l’ensemble des éléments techniques » (Corréa et al., 2002, p. 170).

Le Mondō constitue une deuxième opportunité d’établir un lien. « Les junomichikas éprouvent la nécessité d’échanger régulièrement intuitions, pensées, compréhension du junomichi au cours de conversations libres… ces moments de réflexion sur la pratique interviennent après le travail sur le tatami, librement, à l’initiative de chacun » (Corréa et al., 2002, p. 153).

La Commission Technique est une troisième opportunité d’établir un lien. La Commission, regroupant des pratiquants confirmés, propose un cadre pour la pratique, son évolution,… créant, de la sorte, un lien de réciprocité sous forme d’un aller-retour entre les retours d’expérience, des échanges avec des junomichikas et les propositions d’orientation de la pratique.

Le séminaire des professeurs établit un lien entre les pratiquants. Des échanges entre les  professeurs s’effectuent au niveau des pratiques d’enseignement, avec les membres de la commission technique sur l’évolution de l’enseignement et du cadre de la pratique.

La cérémonie des vœux permet un élargissement de ce lien vers des publics non pratiquants. A travers la présentation de la pratique du junomichi, le public non pratiquants à l’opportunité d’aborder et d’être solidaires avec la démarche de recherche autour des principes, des techniques, des exercices du junomichi.

La rencontre internationale permet aux pratiquants de confronter leur maîtrise de leur technique, et le public d’apprécier la mise en œuvre des principes du junomichi.

Le pot de l’amitié après des événements (stages…) associent pratiquants et non pratiquants dans un moment convivial.

On retrouve l’idée de prospérité mutuelle qui ne s’arrête à la prise de kumi kata et donc à l’établissement de liens entre les pratiquants, mais aussi avec les non pratiquants.

A notre sens, cette convivialité renforce la démarche individuelle, structuré par la pratique du junomichi, d’expression du kokorozashi. La diversité des junomichikas, chacun d’entre eux dans une démarche d’étude de la voie souple et de recherche de kokorozashi, vient enrichir la démarche collective du junomichi.

Jean-Marc D.

Le rôle de l'Enseignant

A travers les trois thèmes retenus pour exprimer la pédagogie d’I. Corréa, on retrouve une interprétation des idées clés de J. KANŌ, à savoir la volonté de se perfectionner (niveau individuel) et d’être utile à la société (niveau collectif).  

 I. Corréa nous a invités à participer à ce mouvement de recherche permanent, en le structurant autour des thèmes de :

 Autonomie comme démarche de recherche individuelle et dans l’organisation de la pratique au niveau de la FIAJ

 Spontanéité comme l’expression d’une meilleure utilisation de l’énergie et de notre personnalité dans la pratique du junomichi

 Engagement comme volonté de participer et d’agir pour le développement et la promotion du junomichi, et de la sincérité dans la recherche et l’enseignement du junomichi.

 Convivialité comme échange permanent et structuré pour construire la pratique du junomichi au sein de la FIAJ mais aussi avec son environnement (parents des pratiquants…) offrant l’opportunité à chacun d’être solidaire dans une démarche d’un « mieux vivre ensemble » à travers une meilleure compréhension de la pratique.

 Le cheminement d’I. Corréa n’a pas été celui de la nostalgie ou de la recherche de la pratique traditionnelle d’un art martial perdu.

Il propose une éducation populaire, ouverte à tous, pour mettre à travers la pratique du junomichi d’enrichir et de renforcer mutuellement le physique et le mental.

 Le rôle d’enseignant de junomichi n’est pas chose aisée. Il s’agit non seulement de transmettre la connaissance autour des techniques, des exercices, des principes de junomichi, mais également permettre au junomichika de s’épanouir et de s’exprimer à travers la pratique et la relation à l’autre.

 Il n’y a pas une méthode d’enseignement, « La méthode », mais chaque enseignant doit s’engager dans un mouvement permanent de recherche en y associant ces élèves pour découvrir la richesse et de cette pratique.

Cet enseignement va évoluer dans le temps, selon sa compréhension, selon la manière dont on peut la travailler, toujours avec le respect des principes d’entraide mutuelle et de la meilleure utilisation de l’énergie.

 I. Corréa nous a légué un ensemble d’éléments pour baliser cette recherche par exemple, les principes (non opposition, mobilité, esquive, contrôle, décision) et qui s’exprime également dans l’engagement pris en signant la Charte du junomichi.

Jean-Marc D.

 

Bibliographie :

- Correa I., Le Hanneur L., Di Stéfano R., Bruel L. (2002), « Junomichi. L’origine du Jūdō suivi de junomichi no kotoba », éditions Budo, 207 p.

Engagement et Sincérité

De par sa vie, Igor Corréa a démontré l’importance du kokorozashi, à travers son engagement et sa sincérité dans la pratique, le développement et l’enseignement du junomichi.

Cet engagement s’est exprimé sous différentes formes, alliant l’engagement dans la pratique et la volonté de progresser individuellement et collectivement ; l’engagement dans l’enseignement, lui a permis de développer une étude du junomichi par une recherche permanente du sens de la pratique (la différenciant d’une pratique sportive).  

 Cette démarche demandait à chaque enseignant d’être en recherche permanente pour transmettre le junomichi. En tant que directeur technique, il a initié la création de la commission technique, l’écriture de la Charte de la FIAJ, amenant chaque pratiquant à s’engager consciemment, chacun à sa manière, dans le junomichi.

Que ce soit au niveau de la pratique, de l’enseignement ou dans la direction de la FIAJ, son engagement et sa sincérité ont permis à chacun d’être responsable, au sens que chacun s’est engagé dans une recherche individuelle et collective dans la pratique et le développement du junomichi.

Dans la pratique, l’engagement d’un pratiquant s’exprime, dès le salut, par la volonté de s’engager à travailler ensemble, de manière respectueuse du lieu et des autres, pour progresser, en tant que Uke ou Tori, dans les exercices de junomichi ; Cet engagement s’exprime aussi en adoptant une posture en avant (le hara à l’aplomb de l’avant des pieds ; le premier pas dans le Nage no Kata ou le Koshiki no Kata, l’ouverture dans le Katame no Kata...).

La sincérité de cet engagement s’exprime par le respect des principes du junomichi dans la pratique.

L’engagement dans la transmission du junomichi, en tant que pratiquant ou d’enseignant, passe non seulement par l’initiation aux techniques et aux principes dans les exercices du junomichi, mais également, à travers une pratique de manière assidue et l’étude de la voie douce.

La singularité et la sincérité de cet engagement est qu’il n’existe pas une approche pédagogique du junomichi, mais un ensemble d’approches, qui évolue en permanence, chacune exprimant à sa manière, le sens de l’étude de la voie douce proposée par I. Corréa.

 Jean-Marc D.

La Spontanéité comme recherche de la meilleure utilisation de l'énergie

On définit la spontanéité en junomichi moins comme étant ce qui se produit par l'initiative propre d'un agent, sans être l'effet d'une cause extérieure, mais plus comme le degré d’imprégnation de la pratique de junomichi en chacun.  

C’est-à-dire, que la spontanéité c’est au-delà du stade de l’étude du mouvement (apprendre, rechercher à faire…).

 C’est être le mouvement. Cela signifie que par la pratique on a acquis une connaissance, une sensation, une forme qui permet d’agir, de pratiquer avec une utilisation efficace de l’énergie.

On n’a plus besoin de penser le mouvement, on l’est.

La spontanéité dans le junomichi proposée par I. Corréa réside dans la démarche développant des sensations, le ressenti afin d’imprégner au plus profond de soi, la recherche de la voie douce et sa mobilisation de manière spontanée.

En d'autres termes, il s'agit de mettre l'intelligence au service de la sensation (Par quel chemin je vais trouver cette sensation...?). C’est l’idée d’être au-delà de la connaissance des techniques, de leur maîtrise.

Quelque soit le niveau dans la pratique du junomichi, la spontanéité existe. Elle est plus ou moins consciente.

De par la diversité de modes d’apprentissage de chacun, il n’existe pas une manière de l’acquérir.

Elle passe par la pratique, par exemple, la pratique de tous les exercices du junomichi qui permet de nous amener à la maîtrise des techniques.

Par exemple, le randori est un exercice qui permet de s’exprimer, d’exprimer sa maîtrise des techniques et sa créativité. Surtout, à travers ce thème, le junomichika se confronte au défi d’exprimer sa personnalité dans la pratique, dans la maîtrise des techniques, dans le sens qu’il donne à l’étude de la voie douce.

La recherche de la spontanéité permet l’émergence de deux dynamiques complémentaire : celle de la maîtrise des techniques, des exercices et du sens donné à la pratique du junomichi et celle de l’influence du junomichika sur cette pratique et le sens qu’il lui est donné.

L’expression de cette spontanéité est sans doute l’harmonie que l’on peut ressentir avec soi-même et avec son partenaire dans cette recherche de la meilleure utilisation de son énergie pour apprendre, s’élever, partager...

Elle nous permet de nous dégager de la volonté de tout maîtriser, en figeant ainsi son attention sur une diversité de choses. Elle nous offre l’opportunité d’être avant tout en respectant les principes de pratique du junomichi, à savoir la non opposition, le contrôle, l’esquive, la mobilité, la décision.

Jean-Marc D.


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